Portrait de cliente: Sophie R.

Portrait de cliente: Sophie R.

Sophie, cliente atelier b,  photographiée par Marie-Eve Campbel, atelier camion

Nous vous présenterons ici une série de portraits de clients.tes qui nous inspirent de par leur implication sociale et leur unicité. Ces personnes fascinantes ont peu de présence sur les réseaux sociaux, elles sont discrètes, elles agissent sans faire de bruit, presque dans l'ombre. Ce sont des personnes d'action qui font une différence et nous les avons en tête quand nous créons nos collections. Nous sommes heureuses de partager avec vous ces discussions captées en images par Marie-Ève Campbell d'Atelier Camion. C'est elle qui a lancé cette idée de projet et nous sommes enchantées de le voir prendre vie. Voici le premier portrait, celui d'une avocate en droit humanitaire et maman de deux garçons de 7 et 10 ans. Elle nous a parlé de privilèges, d'humanité, de gentillesse et de... pandémie.

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Sophie est cliente chez atelier b depuis l'ouverture de la boutique du Mile End. Elle habite à quelques pas avec sa famille et nous avons appris à mieux la connaitre lorsqu'elle a répondu à notre invitation à joindre le club de lecture de l'atelier en 2013. Nous l'avons rencontré chez elle alors que l'on commençait à réaliser que le virus dont on entendait parler aux nouvelles devenait pandémie. C'était un matin pluvieux et on sentait déjà un nuage d'anxiété se rapprocher de nous. J'avais préparé des questions en lien avec son parcours et ses valeurs, mais la discussion a rapidement fait un détour vers son expertise en droit international pour discuter de mesures mondiales en lien avec la Covid-19. détails de la maison de sophie, cliente atelier b, photo de marie-eve campbell atelier camion

 

Rédiger une thèse de doctorat… en confinement

Je commence par demander à Sophie ce qui occupe ses journées. Suite à son baccalauréat en droit, son Barreau et sa maîtrise, Sophie en est maintenant au doctorat. “Quand tu es en rédaction, c’est pour le meilleur et pour le pire,” raconte Sophie, “tu es en pyjama chez toi et tu écris.” Réalisée en co-tutelle avec l’Université de Genève (la mecca du droit humanitaire) et l’Université Laval, sa thèse s’intéresse au droit de la guerre. La plupart des règles qui régissent ce droit proviennent des conventions internationales. Peut-être avez-vous déjà entendu parler des tribunaux pénaux internationaux ? Sophie étudie si leurs décisions changent la donne en terme de droit.

sophie, cliente atelier b, photo par marie-eve campbell atelier camion

 

 

Rédiger une thèse de doctorat… avec des enfants

À la fois maman et chercheuse dans un centre de recherche affilié à l’UQAM, pas facile de trouver le temps d’écrire. “Souvent, à la thèse, tu peux passer sept à huit heures d’affiler à écrire sans dormir, sans manger et en buvant du café,” explique Sophie, “je n’ai pas cette possibilité et j’ai remarqué que c’était un gros frein.” Ceci étant dit, elle aime faire sa thèse avec des enfants. “Ça donne beaucoup de sens à ta vie, ça te permet de relativiser, mais c’est plus difficile.” Si son rôle de parent nourrit son écriture, il en va de même pour ses autres occupations, un phénomène qu’elle qualifie de “fertilisation mutuelle”. Bien que ces enfants ne saisissent pas tout à fait ce qu’elle fait, ils comprennent qu’elle écrit un gros livre qui n’est pas de la fiction, sur des règles de droit. “Maman aime ça lire, elle aime ça écrire… C’est pas mal ça en fait!” Notre rencontre a d'ailleurs été ponctuée par les visites de son plus jeune, Félix, descendu nous écouter ou lancer un classique "maman j'ai faim".

 

 

 

 

 

Des parcours parallèles

Sophie aime peut-être lire et écrire, mais elle a aussi un profond attachement pour l’improvisation, le théâtre et la danse. Alors qu’elle effectuait un parcours d’études plutôt typique en droit, elle n’a pas hésité à se tourner vers des activités parascolaires plus artistiques “J’ai fait de la danse pendant 15 ans, j’ai fait de l’improvisation au secondaire, puis au cégep, et j’aimais beaucoup le théâtre,” résume Sophie. Pourquoi a-t-elle choisi de faire ses études en droit plutôt que dans un domaine créatif ? “J’ai choisi le droit parce que c’était très contingenté et j’étais fière d’avoir été choisie. J’ai voulu prendre le chemin où il y avait le plus de difficultés.” 

 

Un échec, c’est relatif

Une des choses que l’on admire le plus chez Sophie, c’est certainement son habilité à faire face à l’adversité avec une attitude constructive. Interrogée au sujet des échecs qui ont marqué sa trajectoire, elle affirme ne pas en avoir vécu réellement. “Je me suis toujours considérée comme hyper privilégiée. Je suis entourée de gens positifs, même quand ça va mal.” Étant une jeune femme blanche, éduquée, francophone, elle constate avec l’âge à quel point elle est choyée. D’autant plus que, en droit de la personne, elle côtoie des personnes marginalisées qui ont eu moins de chance dans la vie. “Tu te dis c’est quoi un échec pour moi ? Ne pas avoir une subvention ?” Savoir faire preuve d’humilité, c’est un élément essentiel de son travail. 

Alors comment définirait-elle la perfection si elle ne conçoit pas avoir vécu de réels échecs au cours de sa carrière ? “L’expérience combinée au sens critique,” répond Sophie. “Quand tu es capable de prendre du recul, avoir un regard critique sur ce que tu as fait et donc bénéficier de cette expérience et bâtir là-dessus.” Pour Sophie, c’est ça la perfection.

 Portrait de sophie, cliente atelier b, photo marie-eve campbell atelier camion

Les droits civiques en temps de pandémie

L'entrevue a eu lieu le premier où les écoles ont été fermées à cause de la Covid-19. Je ne pouvais donc pas passer à côté de l'expertise de Sophie, et je lui ai demandé comment une pandémie mondiale et les droits étaient reliés. Droit de se réunir, liberté d’expression, accès au logement pour les personnes vulnérables : les droits civiques sont fondamentaux dans une société. Durant une pandémie, comme nous l’explique Sophie, l’État peut utiliser cette excuse pour limiter les droits fondamentaux. Bien entendu, le risque de dérapage est plus élevé dans les pays répressifs comme l’Iran ou la Chine, mais il est possible que d’autres gouvernements autoritaires cherchent à prendre plus de place en situation de crise. “Il faut être très à l’affût et ne pas permettre ces dérives-là,” s’inquiète Sophie.

 

L’accès aux soins de santé pour tous

Une autre source d’inquiétude pour l’avocate en droit humanitaire : la saturation des soins de santé. Serons-nous en mesure de soigner tous les malades atteints de la Covid-19 ? C’est une question perturbante à formuler. D’autant plus que, à mesure que la pandémie progresse, les personnes vulnérables (personnes âgées, femmes racisées qui travaillent dans les milieux de soins, familles nombreuses dans des situations économiques précaires, etc.) sont de plus en plus touchées. Rappelons que les premières personnes infectées, souvent au retour d’un voyage, donc des individus bien souvent privilégiés, ont bénéficié d’un système de santé peu saturé comme il n’y avait pas encore de contagion locale. Les personnes atteintes de la Covid-19 aujourd’hui,  contaminées par les premières, sont plus nombreuses et issues de milieux moins privilégiés.

 

La santé à l’échelle internationale

De par la nature du travail de Sophie, nous avons saisi l’opportunité de lui poser des questions sur les procédures au sein des organisations internationales en cas de pandémie. Est-ce que les Nations Unies peuvent imposer des règles aux pays membres ? En bref, non. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) développe des mécanismes, mais sans pouvoir les imposer. Par exemple, l’OMS a élaboré des lignes directrices pour les États suite au SRAS et à l’Ebola. Ceci étant dit, même si les pays ne sont pas tenus de les respecter, beaucoup le font parce que c’est avantageux. “Le droit international, c’est de la coordination,” explique Sophie, “tu ne peux pas imposer des règles, mais tout le monde peut essayer de travailler ensemble.”

 

Venir en aide aux personnes vulnérables

Le virus ne discrimine pas : il a le potentiel d’infecter tout être humain, peu importe son rang social. Toutefois, il pose plus de risques chez les personnes déjà en situation de vulnérabilité, comme les itinérants. Sophie en sait quelque chose comme elle siège sur le conseil d’administration de L’Itinéraire, composé d’un mélange paritaire de cinq camelots qui ont de l’expérience terrain et cinq personnes de l’extérieur qui s’occupent de la gestion et du développement. Malheureusement, avec la pandémie, les personnes en situation d’itinérance sont stigmatisées davantage comme elles vivent dans les lieux publics. “Nos camelots ont leur santé à cœur et L’Itinéraire est là pour eux. Avec les mesures de confinement, les ventes de magazine, qui se font sur la rue ou dans le métro, ont donc été suspendues. Mais les temps sont incertains, alors on travaille fort à bâtir la suite et continuer d’accompagner des personnes marginalisées, celles qui sont exclues du marché traditionnel du travail, qui ont connu l’itinérance, la dépendance, ou qui souffrent de problèmes de santé mentale. Ça sera encore plus essentiel dans les prochaines années.

 

Faire le nécessaire

portrait de sophie, cliente atelier b, photo marie-eve campbell atelier camionAu fond, pour Sophie, la crise nous confronte : ce qu’on fait n’est pas toujours nécessaire. Les charges de cours qu’elle avait à la faculté de droit et à l’Université de Sherbrooke, ou encore les conférences qu’elle donnait un peu partout, n’ont rien à voir avec les sacrifices du personnel de la santé. Son confinement n’a rien à voir non plus avec ce que d’autres populations vivent ailleurs. En pleine rédaction de sa thèse de doctorat, elle nous avoue pouvoir maintenant s’y dédier corps et âme tout en restant au chaud dans sa maison du Mile-End, avec suffisamment de nourriture et d’eau. Dans les pays du Sud ou même plus près de chez nous, sur les réserves autochtones, bien des gens n’ont pas accès à l’eau courante pour se laver les mains ou rester hydrater, nous rappelle-t-elle.

Nous avons conclu la rencontre en discutant de nos activités sociales et culturelles à venir, se demandant lesquelles allaient avoir lieu et lesquelles allaient être annulées. Nous ne savions pas ce que les prochaines semaines nous réservaient! 

Merci à Maryse Boyce pour la transcription et l'entrevue. Merci à Elisabeth Labelle pour la rédaction. Merci à Marie-Eve Campbell pour les magnifiques photos. Merci à Sophie pour sa générosité.

 

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